Les gardiens de l’intégrité financière : portraits croisés d’enquêteurs passionnés

Philippe, Dominique, Candice, Maarten et Tom traquent la criminalité en col blanc au quotidien. Nos cinq collègues de la Direction générale de la police judiciaire font respecter fièrement et avec passion l’intégrité économique et financière. Rencontre...

De hoeders van de financiële integriteit: portretten van gepassioneerde speurders

Parmi les missions de la Police Judiciaire Fédérale (DGJ), la lutte contre la criminalité économique et financière occupe une place importante. La DGJ effectue ce type d’enquêtes via différents services réunissant des collègues passionnés et fiers d’exercer leur métier. 

Du délit d’initié aux bandes dessinées volées

L’Office central de la lutte contre la délinquance économique et financière organisée (OCDEFO) regroupe une trentaine de membres, dont une moitié de fiscalistes. Parmi ses dossiers emblématiques : le délit d’initié de l’ancienne CEO de Proximus, les Dubaï papers, les planches de bandes dessinées volées de Blake et Mortimer ou encore la faillite frauduleuse de Bernard Tapie, ayant conduit les enquêteurs belges à la recherche de tableaux valant plusieurs millions d’euros dans sa villa de Saint-Tropez ! « L'OCDEFO s'occupe des délits d'initié (fraudes boursières), des carrousels TVA d'ampleur, des fraudes aux subventions européennes ou encore des vastes et complexes fraudes fiscales (sociétés off-shore, blanchiment...) qui nécessitent une expertise particulière », détaillele premier commissaire divisionnaire Philippe Noppe, responsable du service. « Je suis vraiment fier de ma division composée de policiers et de fiscalistes du SPF Finances qui font montre d'un professionnalisme, d'une disponibilité, d'une loyauté de chaque instant et qui sont largement appréciés par les magistrats. Je suis aussi heureux de constater que chaque année, nous saisissons des centaines de millions qui pourront alimenter les caisses de l'État en vue de son fonctionnement », assure-t-il.

Le 1CDP Philippe Noppe, responsable de l'OCDEFO
Le 1CDP Philippe Noppe, responsable de l'OCDEFO
L'INPP SP Dominique Biebuyck, enquêtrice à l'OCR
L'INPP SP Dominique Biebuyck, enquêtrice à l'OCR

Un travail varié et épanouissant

De son côté, l’Office central pour la répression de la corruption (OCRC) mobilise une soixantaine d’enquêteurs et enquêtrices ayant à gérer des dossiers comme le Kazakhgate, le Qatargate ou encore Nethys. 

Inspectrice principale spécialisée EcoFin (INPP SP), Dominique Biebuyck fait partie de l’équipe d’enquêteurs de l’OCRC. « Après avoir exercé le métier de secrétaire de direction, j’ai décidé de changer d’univers il y a six ans », explique l’enquêtrice de 34 ans. Intéressée par le milieu de la finance et les perspectives intellectuelles qu’offrait l’OCRC, Dominique a été directement intégrée à l’équipe dès sa sortie de l’académie de police. « Ce métier ouvre nos horizons, nous permet de toujours apprendre de nouvelles choses. Nous n’avons pas de journée-type. On y trouve un aspect administratif avec des analyses bancaires (« follow the money ») mais aussi tout un travail policier de terrain avec des méthodes particulières de recherche comme des écoutes et des filatures, des auditions à mener… »

Actuellement membre d’une équipe de 13 personnes, Dominique gère ses dossiers de manière autonome. « Notre enquête démarre du premier contact avec le magistrat, jusqu’à la décision du tribunal. Tous les membres de la cellule peuvent être responsables d’une enquête. Nous avons la chance de pouvoir disposer d’une grande autonomie mais nous faisons régulièrement rapport à la hiérarchie et la communication entre nous tous reste le mot d’ordre », précise Dominique.

Fraudes aux subsides, aux marchés publics, prises illégales d’intérêts, fraudes sportives, dossiers du parquet européen… Voici quelques exemples de cas qui mobilisent l’enquêtrice et ses collègues de l’OCRC. « Il peut y avoir une certaine pression de résultat dans certains dossiers mais je ne les traite pas différemment des autres. L’essentiel de notre métier est de garantir l’intégrité face au profit personnel obtenu illégalement. » 

Cette valeur de justice, c’est ce qui motive tous les jours Dominique et les autres enquêteurs. « Pour moi, il est par exemple difficile de constater qu’un policier, ou un fonctionnaire de façon générale, a été corrompu. Mener à bien des enquêtes qui visent à condamner ce type de pratiques me rend particulièrement fière d’exercer mon métier ! »

Candice Blondiaux, experte EcoFin à l'OCRC
Candice Blondiaux, experte EcoFin à l'OCRC

L’expertise civile fait trembler les criminels en col blanc

Candice fait partie du personnel civil de la police, après plus de quatre ans en tant que responsable des marchés publics au sein du pilier judiciaire, elle a eu envie de relever de nouveaux défis. C’est ainsi qu’elle a rejoint récemment sa collègue Dominique à l’OCRC, en tant qu’experte EcoFin, où elle travaille sur des enquêtes de corruption et de criminalité financière. « Je mets à profit mon expertise en marchés publics ainsi que mes compétences en économie et finance dans le cadre de dossiers variés et complexes. Mon rôle consiste surtout en l’analyse approfondie de données financières et juridiques. Ce travail me stimule intellectuellement et enrichit mon expérience personnelle. Notre autonomie conséquente, couplée à la possibilité de soutenir directement mes collègues, me procure une grande satisfaction tant sur le plan professionnel que personnel », nous confie-t-elle. 

1INP Maarten Cypers de Landrecy, enquêteur OCRF
1INP Maarten Cypers de Landrecy, enquêteur OCRF

L’œil qui vaut de l’or

À côté de l’OCDEFO et de l’OCRC, le bureau « Money » de l’Office central pour la répression des faux (OCRF) s’attaque quant à lui aux contrefaçons de devises belges et étrangères, de métaux précieux et de chèques. « L'expertise technique et scientifique fait de notre service central un partenaire important dans la lutte contre le faux monnayage. En tant que point de contact national et international, une bonne coopération entre nos forces de police, ainsi qu'avec la Banque nationale de Belgique et la Monnaie royale de Belgique est essentielle », affirme le premier inspecteur Maarten Cypers de Landrecy, enquêteur à l’OCRF.

Tout le monde enquête

Le commissaire Tom Vandersteen travaille à la Police Judiciaire Fédérale (PJF) du Limbourg depuis 2020. Il y est directeur des opérations depuis deux ans. Entre 2015 et 2020, il a dirigé la section EcoFin de la PJF de Louvain. Avant cela, il était membre de la Police Locale. En tant que « Dir Ops », le commissaire Vandersteen est responsable de l’ensemble des opérations de recherche spécialisée : drogue, criminalité contre les biens, criminalité grave contre les personnes, criminalité financière... Par ailleurs, avec ses collègues du service de coordination et direction, il est également responsable des services d’appui, qui travaillent tous en fonction de la recherche spécialisée.

« En tant que bras droit de notre directrice judiciaire, je suis responsable avec cette dernière des 170 membres du personnel que compte la PJF », raconte avec enthousiasme le commissaire Vandersteen. « Je souhaite mettre fin à la séparation entre personnel civil et opérationnel. Les 170 collaborateurs sont toutes et tous au service de la recherche ; mon objectif est que chacun et chacune entre dans la peau d’un enquêteur ou d’une enquêtrice. »

 

De nombreux défis

 « C’est pour effectuer ce type de travail que je suis entré à la police », poursuit le commissaire. « Lorsque j’étais policier de quartier, j’étais déjà attiré par le travail judiciaire. Dans cette optique, la PJF est the place to be. Du reste, la PJF du Limbourg est une unité à taille humaine, plus facile à gérer, et qui permet encore des contacts personnels et des interactions avec les enquêteurs. Ici, dans l’arrondissement du Limbourg, les défis ne manquent pas, notamment en raison de la proximité avec la frontière néerlandaise et de la diversité de la population. »

CP Tom Vandersteen, Dirops à la PJF Limbourg
CP Tom Vandersteen, Dirops à la PJF Limbourg

Terriblement fier !

Notre « Dir Ops » est un homme passionné et surtout fier de l’entièreté de sa PJF. « Chaque section tire son épingle du jeu, qu’il s’agisse de combattre la mafia italienne, d’enquêter sur un dossier financier de fraude au mazout, de mener à bien un dossier d’assises avec condamnation par un jury, de lutter contre des arnaques au faux support technique ou d’arrêter de faux employés de banque... Je suis fier de tous ceux et celles qui contribuent à nos enquêtes et font en sorte qu’elles connaissent une issue heureuse. »
« Je suis par ailleurs terriblement fier que nous soyons de plus en plus en mesure de mener des enquêtes financières parallèlement à nos enquêtes ‘traditionnelles’, découlant de délits de base. Cette combinaison a de plus en plus d’impact ! Dans la grande majorité des crimes, l’appât du gain occupe une place centrale. Mais le crime ne devrait jamais payer. C’est la raison pour laquelle il est très important de mener également des enquêtes financières et de s’emparer des avoirs criminels. »
 « Enfin, je suis fier de notre manière innovante d’enquêter au sein de la Police Judiciaire Fédérale. Nous avons par exemple créé l’outil MonFin, qui permet d’obtenir une vue rapide d’entreprises susceptibles de commettre certains délits, comme le blanchiment. Cet outil nous donne un score qui nous permet d’identifier les entreprises potentiellement problématiques ou celles qui se trouvent dans la zone rouge. »

 

Le futur (digital)

Utilisation de deepfakes dans le cadre d’escroqueries, fraudes au CEO (ingénierie sociale), fraude à l’amitié... Les criminels savent se montrer créatifs, et donc les futurs défis pour la police sont légion. « Les escrocs sont toujours à la recherche de nouveaux modes opératoires. Nous devons donc constamment mettre à jour nos connaissances du monde numérique », conclut Tom Vandersteen. « Nos enquêtes se doivent d’être en phase avec les possibilités offertes par le digital, à plus forte raison dans l’univers de la finance. »

Vous êtes un.e expert.e en économie, en finance ou en comptabilité et vous souhaitez rejoindre une équipe qui fait la différence en combattant la criminalité en col blanc ?
 La Police Judiciaire Fédérale recrute des experts EcoFin ! 

Plus d’infos ici : https://www.jobpol.be/fr/fonctions-en-uniforme/inspecteur-principal/inpp-sp-ecofin#description-demploi