Le compte Belgian Federal Police cible des « brouteurs »

Qu’est-ce qu’un brouteur ?

« Brouteur » (mot ivoirien) : En Afrique, arnaqueur opérant sur Internet (réseaux sociaux, notamment) (Larousse). Ce mot d’argot signifie « le mouton qui se nourrit sans effort », à l’image de l’arnaqueur qui peut se faire de l’argent facilement.

Apparus dans les années 2000 à l’avènement d’Internet, les brouteurs ont pris de l’ampleur avec le succès des réseaux sociaux et des smartphones. Et leur inventivité ne manque pas : arnaque aux sentiments, chantage à la webcam, faux logements, faux courriers de menace, … Leur cible : votre argent.

La Police Fédérale en est elle aussi victime à travers des mails usurpant des identités et même sur son compte Facebook Belgian Federal Police. « Ces derniers mois, nous remarquons de plus en plus de messages d’arnaques aux sentiments. On en trouve quasi sous toutes nos publications Facebook », regrette notre expert Webcare. « Une partie de notre audience les repère directement et les signale. De notre côté, nous masquons directement les commentaires et puis, signalons le compte à Meta, gestionnaire de Facebook. »

Comment les repérer ?

Si certains messages restent très généraux et mal formulés, d’autres sont plus soignés et ciblent réellement les followers du compte « Belgian Federal Police ». « En général, ils réagissent sous le post de quelqu’un, à travers un commentaire « tout fait », indiquant que le profil de la personne correspond au leur et demandent à être amis avec elle. Mais parfois, les messages sont plus élaborés et il arrive même que notre compte Facebook soit cité… » 

Un indice majeur de « brouteur » ? Les messages sont toujours publiés par des comptes reprenant très peu d’informations. « Bien souvent, ils ne disposent d’aucune photo et le contenu est quasiment inexistant. »

Pourquoi les escrocs optent-ils pour Facebook ? « Je dirais qu’il permet une interaction facile, davantage que « X » (ex-Twitter), par exemple. Et puis, il faut savoir que son audience est vieillissante. Peut-être que les brouteurs tentent leur chance en se disant qu’elle constitue une cible facile, moins méfiante, disposant de plus de moyens et davantage touchée par la solitude ? »

Vous êtes en tout cas invités à la prudence ! « Des arnaques se cachent sur les réseaux mais aussi dans les mails. Nous voulons appeler à la vigilance, au cas où des personnes tomberaient sur des messages de ce genre, sur notre compte ou ailleurs ! »

Le phénomène des « brouteurs » 

L’arnaque aux sentiments fonctionne grâce à la relation affective créée par les auteurs envers leur victime. Après de longs échanges, les brouteurs indiquent se trouver dans des situations difficiles (urgence médicale, problème judiciaire, …) ou font du chantage à travers des images à caractère sexuel de leur victime qu’ils ont pu obtenir à leur insu (arnaque à la webcam) et réclament de l’argent (bien souvent via cryptomonnaie ou coupons de recharge, pour éviter d’être retrouvés). 

D’autres escroqueries sont possibles : fausses offres d’emploi, faux logements, faux gain ou héritage, ou encore des promesses d’investissements aux retombées importantes. Outre le dommage financier, la blessure émotionnelle s’avère terrible dans le cas d’une arnaque aux sentiments. Au début, certaines victimes n’arrivent même pas à y croire… 

Nos conseils pour y faire face

• Méfiez-vous des profils trop parfaits : n’hésitez pas à rechercher la photo de profil de la personne sur Internet via Google image ;
• Prenez du recul pour analyser si la situation vous semble plausible et non trop belle ou trop tragique pour être vraie ;
• Méfiez-vous des messages mal formulés ou incohérents ;
• N’envoyez jamais d’informations personnelles ni d’argent à une personne que vous ne connaissez pas ;
• Ne cliquez jamais sur des liens transmis par une personne inconnue ;
• Si vous avez été victime : portez plainte et conservez les traces de vos échanges !

Le conseil de notre expert : « veillez sur les personnes vulnérables »

Notez que les banques sont de plus en plus sensibilisées à l’arnaque aux sentiments et bloquent donc les transactions suspectes. « Cependant, même confrontées aux preuves de l’arnaque aux sentiments, il arrive que des victimes continuent de s’enfermer dans leur idylle. Malgré la mise en garde de leur banque, elles demandent la validation du transfert d’argent. Nous invitons dès lors les proches de personnes vulnérables à veiller sur elles en les appelant à la prudence et en les ramenant les pieds sur terre, si nécessaire », conseille le premier commissaire Christophe Axen, chef de service adjoint à la Regional Computer Crime Unit (RCCU) de Liège.