L'arnaque "Recovery Room" : quand les escrocs exploitent les victimes deux fois
Alors que se tient toujours le mois de la cybersécurité, revenons sur un phénomène criminel mis en lumière par la FSMA : la « Recovery Room ». Une arnaque qui prétend aider les victimes d’une fraude à récupérer leur argent…

L’Autorité des services et marchés financiers (la FSMA) mène campagne contre la fraude aux investissements en ligne. C’est ainsi que nos cyber-experts Christophe Axen et Christophe Van Bortel avaient participé au début de l’année à une vidéo de prévention.
Récemment, la FSMA a dévoilé des chiffres qui sont à la fois inquiétants mais aussi réjouissants car ils démontrent que les actions de sensibilisation portent leurs fruits.
Toujours plus de fraudes à l’investissement
L’Autorité des services et marchés financiers a en effet enregistré une hausse de près de 50 % des signalements de fraude à l’investissement en ligne par rapport à la même période l’année dernière (925 signalements contre 1.332 cette année). Et le constat se marque sur les années aussi : en 2023, la FSMA a reçu 2.170 signalements de fraude à l’investissement en ligne, soit près de trois fois plus qu’en 2017 (781 signalements).
Parmi les activités illicites, on peut citer les plateformes frauduleuses de trading et les fraudes aux cryptomonnaies mais aussi une arnaque qui nous interpelle particulièrement baptisée « Recovery Room ».

Qu’est-ce que l’arnaque « Recovery Room » ?
En effet, parmi les statistiques, on note une nouvelle hausse des fraudes issues de personnes qui prétendent apporter de l’aide aux victimes. « En 2024, le nombre de cas de fraude de type ‘recovery room’, une pratique dans le cadre de laquelle des escrocs prétendent aider les victimes de fraudes antérieures à récupérer les sommes perdues, a augmenté de 60 % par rapport à la même période en 2023 », indique la FSMA.
Le but de la manœuvre est vicieux : les arnaqueurs promettent aux victimes d’une première fraude d’intervenir en leur faveur en vue d’un dédommagement. Pour ce faire, ils peuvent se faire passer pour des banques, des autorités financières et même parfois pour… la FSMA elle-même. En dépit des promesses, la victime ne récupèrera bien sûr pas son argent et en perdra encore davantage, vu la dépense faite pour obtenir cette aide. « Les victimes de fraude à l’investissement ont souvent deux fois affaire aux mêmes escrocs : ceux-ci commettent d’abord une fraude à l’investissement puis une fraude de type ‘’recovery room’’. Il arrive aussi que ceux qui ont commis une fraude à l’investissement vendent les coordonnées de leurs victimes à d’autres malfrats. Toute personne ayant été victime d’une fraude à l’investissement doit être consciente que les malfaiteurs pourraient à nouveau s’attaquer à elle ou revendre ses coordonnées », souligne encore la FSMA.
Comment agissent-ils ?
Souvent, les malfrats eux-mêmes contactent leurs victimes par téléphone ou mail, mais il peut arriver que certaines se jettent elles-mêmes dans le piège… « La FSMA remarque que des victimes entrent en contact avec ces « recovery rooms » en faisant leurs propres recherches sur Internet ou sur les réseaux sociaux. Les fraudeurs et leurs entreprises se font passer pour des cabinets d’avocats ou des comptables, mais peuvent aussi prétendre appartenir à la police ou aux services d’autorités de supervision financière. Pour paraître dignes de confiance, ils n’hésitent pas à usurper les coordonnées d’entreprises ou d’instances officielles existantes.»
Les sociétés irrégulièrement actives à l’encontre desquelles la FSMA met le public en garde sont les suivantes : Akin, Bitcity, Concord Services, Ledgible, Recovery AI, Trade Control, World Blockchain Organization, Apag-Audit AG, Claim Justice, Crypto Conduct Authority, Etoro, FXVC, Global Get Back, IFP Center, NCSC, Trading Center, Ucoin Capital ou encore VaxCo.
Dans sa dernière communication, la FSMA indique également avoir « reçu des signalements concernant des fraudeurs se présentant sous les noms suivants :
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Atomics Wallets, notamment à l’aide d’un site web « atomicswallets.com »
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Belton Accounting, notamment à l’aide d’un site web « https://beltonaccounting.com/ »
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Certik
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Guardian Limited, notamment à l’aide d’un site web « https://www.guardianltd.co.uk/ »
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Metatrader4, Metatrader5, ou MT5 Finance, notamment à l’aide d’un site web https://mt5finance.com »
Des indices importants de « Recovery Room »
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Un indice de « Recovery Room » : les criminels demandent à être payés en avance, soi-disant pour couvrir des frais administratifs, juridiques ou même payer des impôts…
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Il peut arriver aussi que les fraudeurs prétendent agir gratuitement mais demandent alors d’accéder à l’ordinateur de leurs victimes via un logiciel de bureau à distance comme Anydesk. « De cette façon, les fraudeurs ont la possibilité d’installer des logiciels espions ou d’accéder aux espaces de PC-Banking des consommateurs. Il arrive également que les fraudeurs demandent à leurs victimes de créer et d’activer un portefeuille (« wallet ») sur une plateforme de cryptoactifs. »
Quelques règles à retenir
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La première règle est de se méfier des propositions qui vous sont faites sans démarche préalable de votre part.
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Seules les autorités judiciaires reçoivent les signalements de fraudes, impossible que d’autres personnes soient au courant.
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Attention, comme toujours, aux annonces trop belles pour être vraies.
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Si vous découvrez sur les médias sociaux ou sur Internet une publicité où l’on vous propose de vous aider à récupérer de l’argent perdu, méfiez-vous !
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Si l’on vous demande de verser au préalable de l’argent, d’accéder à votre ordinateur, ou d’activer un portefeuille sur une plateforme de cryptomonnaie, ne donnez pas suite.
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Les autorités de supervision financière comme la FSMA n’ont pas de compétences pour récupérer de l’argent et ne prendront donc jamais contact dans ce but avec des victimes de fraude à l’investissement.
Toute personne souhaitant signaler une fraude ou ayant des doutes sur une offre peut toujours contacter la FSMA via le formulaire de contact. Il est aussi possible de vérifier si les opérations qu’on vous demande de réaliser sont conformes à la réglementation financière en utilisant l’outil de recherche sur le site de la FSMA.